IL EST ESSENTIEL DE DIRE LA VÉRITÉ
Il m’a fallu des années pour découvrir l’élément essentiel qui permet de mieux s’aimer soi-même et d’enrichir sa relation de couple. Il faut devenir capable de partager toute la vérité concernant ce que l’on ressent.
C’est foncièrement différent du fait de s’abstenir de mentir ou d’être simplement honnête. Il vous est certainement arrivé à plusieurs reprises d’omettre volontairement certains faits quand vous disiez la vérité. Parfois, vous avez peut-être même déformé la réalité quand cette dernière ne vous convenait pas. Souriez-vous lorsque vous êtes en colère ? Vous êtes-vous déjà comporté de manière agressive quand vous étiez apeuré ? Vous arrive-t-il de rire, d’avoir l’air léger, quand vous vous sentez en réalité triste et rejeté ? Avez-vous déjà accusé quelqu’un alors que vous vous sentiez coupable ? C’est ce que j’entends par « ne pas dire toute la vérité ». Dire toute la vérité sur ce que vous ressentez est indispensable. C’est la première étape pour éliminer les tensions nerveuses et pour enrichir vos relations. Il faut donc en premier lieu que vous preniez conscience de vos émotions. L’être humain est très doué quand il s’agit d’ignorer ce qu’il ressent. Il travestit avec brio ce qu’il porte au fond de lui et, au bout du compte, il cache et réprime ce qu’il est. Parfois, il est si habile à ce jeu qu’il finit par croire à ses propres mensonges ! C’est ainsi que l’on peut progressivement perdre contact avec ce que l’on ressent. Il devient ensuite très difficile de l’exprimer, même si on le souhaite.
Votre capacité à ressentir l’amour est corrélée à votre aptitude à exprimer ce que vous ressentez réellement. Plus on est authentique, plus on peut faire l’expérience de l’amour. Les relations honnêtes au sein desquelles on peut communiquer de manière directe et efficace sont une source grandissante d’amour et d’estime de soi. Il n’est pas rare que l’on cherche à travers un certain type de relation à se protéger soi-même de la vérité. C’est un peu comme si on portait une pancarte sur laquelle on aurait inscrit : « Si tu ne me dis pas la vérité, je ne la dirai pas non plus ». C’est peut-être facile et confortable sur le plan relationnel, mais ça ne permet en aucun cas de faire grandir l’estime et l’amour de soi.
L’EFFET ICEBERG
Si vous voulez être à même de dire toute la vérité, il vous faut d’abord l’approcher. Or, la plupart d’entre nous ignorent ce qu’est la vérité. Ceci est dû à un phénomène que l’on appelle l’effet iceberg. Si en naviguant dans l’Arctique vous apercevez un iceberg, vous ne verrez qu’un dixième de sa taille. Eh bien, vos émotions sont pareilles à cet iceberg. La plupart du temps, les autres n’en perçoivent qu’une infime partie. Et d’ailleurs, vous aussi ! Sur le plan conscient, vous n’avez pas accès à toutes vos émotions ; la plupart sont profondément enterrées en vous. Il devient donc difficile de dire toute la vérité quand cette dernière est un mystère pour soi !
HABITEZ VOTRE CŒUR, PAS VOTRE TÊTE !
Refouler ses émotions, c’est un mécanisme de défense que l’on développe au fil du temps. Quand on ne parvient pas à gérer ce qu’on ressent, ni à l’exprimer pleinement, on apprend à l’enterrer bien au fond de soi en souhaitant que cela disparaisse. Au bout de quelques années passées à ignorer et réprimer votre ressenti, vous avez acquis la malheureuse habitude de refouler immédiatement toute émotion qui vous semble risquée, inacceptable ou déroutante. Au bout du compte, vous n’exprimez plus que les émotions qui ne viendront pas perturber votre vie ou celle des autres. De cette manière, vous vous sentez en sécurité et accepté. C’est dans votre tête que vous décidez de ce qu’il convient de ressentir, plutôt que de laisser vos émotions spontanément émerger de votre cœur.
QUE RESSENTEZ-VOUS VRAIMENT ?
Si vous avez perdu contact avec votre véritable personnalité, c’est parce que vous avez réprimé certains de vos ressentis émotionnels. Pour progresser sur le plan personnel, vous allez donc devoir les déterrer et les identifier ! Lorsque vous êtes énervé et incapable de gérer une situation donnée, vous expérimentez inconsciemment plusieurs niveaux émotionnels en même temps.
- Ces niveaux émotionnels sont :
- 1. Colère, reproches, ressentiment
- 2. Souffrance, tristesse, déception
- 3. Peur et insécurité
- 4. Culpabilité, remords, regrets
- 5. Amour, compréhension, pardon, désir
Vouloir exprimer toute la vérité de ce que l’on ressent nécessite d’explorer différents niveaux émotionnels. En temps normal, nous ne sommes conscients que d’une émotion à la fois, mais les autres sont néanmoins présentes. Si vous devenez capables d’explorer et d’exprimer pleinement ces différents niveaux émotionnels, vos contrariétés se dissiperont facilement. Il vous faudra donc accorder de l’intérêt à toutes les émotions qui vous animent. Si vous en omettez certaines, non seulement vous n’aurez pas totalement réglé ce qui vous pose problème, mais vous risquez de refouler vos émotions négatives et de transporter ce bagage affectif de relation en relation… Par contre, en verbalisant toutes vos émotions négatives, il vous deviendra possible de spontanément vous connecter à l’amour et à la compréhension.
Une grande partie de nos échecs relationnels découle de ce qu’on ne révèle que partiellement la vérité de nos sentiments. Souvent, quand les gens se décident à exprimer ce qu’ils ressentent, ils se focalisent sur les niveaux supérieurs. Ils négligent de nombreuses émotions, dont celles qui sont immergées sous leurs ressentis négatifs. Or, c’est là que résident les émotions positives ! Sous chaque colère, sous chaque souffrance, se cache un sentiment d’amour et une volonté de rapprochement. Les gens qui vous irritent le plus sont généralement ceux qui comptent le plus à vos yeux ! Lorsque quelque chose ou quelqu’un s’interpose avec votre aptitude à aimer une personne, ce sont les quatre premiers niveaux émotionnels qui s’activent. Vos difficultés débutent quand vous exprimez votre colère et votre souffrance en omettant de dire toute la vérité sur l’amour que vous inspire cette personne ! Car il est toujours présent, même si ce n’est pas le ressenti dominant, tout comme vous gardez en vous le désir de recréer du lien. Et le seul moyen de vous en rendre compte et de vous reconnecter à ces émotions positives, c’est de passer en revue toutes les émotions qui sont empilées sur la partie supérieure de l’iceberg. Quand on ne parvient pas à ressentir et à exprimer intégralement nos émotions, on est incapable d’aller puiser dans l’immense réservoir d’amour et de confiance que recèle notre cœur.
QUAND ON RESTE FIGÉ…
Vous est-il déjà arrivé de rester en colère alors que vous ne souhaitiez plus l’être ? Vous êtes-vous déjà senti englué dans un sentiment de tristesse, de souffrance, d’abattement, avec l’impression que rien ne saurait vous sortir de votre mélancolie ? Avez-vous déjà été pétrifié de peur, peu importe les efforts que vous fassiez pour vous contrôler ? Ce sont là quelques exemples de ce qui se produit quand on n’accepte pas tout ce qu’on ressent et qu’on ne l’exprime pas. Il y a toute une palette de ressentis qu’il faut être capable d’identifier et de mettre en mots. Sinon, on reste figé dans un niveau émotionnel et il devient impossible de se connecter à toutes les émotions positives que l’on porte en soi.
Nous avons tous grandi avec des injonctions (directes ou indirectes) à taire certaines de nos émotions ! On demande aux petits garçons d’être forts et de ne pas pleurer. Le message, c’est qu’il ne leur est pas permis de montrer leur vulnérabilité. Ils ont par contre la permission d’être agressifs, parce que c’est supposé être un signe de virilité. Très souvent, on leur apprend qu’ils ont le droit d’être en colère, mais qu’il est risqué pour eux de reconnaître qu’ils ont peur ou qu’ils ont de la peine, car d’autres garçons se moqueraient d’eux, voire pourraient les rouer de coups. En conséquence, quand un homme est sous le coup d’une émotion forte, il a tendance à rester coincé dans la strate émotionnelle correspondant à la colère et aux reproches parce qu’il pense qu’il serait en danger s’il exprimait sa vulnérabilité. Souvent, il sort de cet état en se vengeant, à moins qu’il ne finisse par réprimer sa colère et à se murer dans le silence, devenant ainsi inaccessible. J’ai travaillé avec un nombre incalculable d’hommes qui dès lors qu’on les autorise à verbaliser leur souffrance, leurs peurs et leur culpabilité, ressentent un soulagement émotionnel et physique intense, se libèrent de leur amertume et sont à nouveau capables d’aimer ! Toutes les situations de violence familiale résultent d’une colère latente, qu’on n’a pas explorée, qui n’a pas pu se dire et qui n’a pas pu s’évacuer.
Malheureusement, quand un homme se sent menacé, la dernière chose qu’il ait envie de faire, c’est d’admettre qu’il est vulnérable, qu’il est blessé ou qu’il a peur. La plupart du temps, il prétendra qu’il s’en moque, ce qui aura pour conséquence de l’enfermer dans un état de colère et de frustration. Rester fâché est une manière très commune de résister à la souffrance ou à la tristesse. Les gens les plus coléreux que je connaisse sont ceux qui portent en eux le plus de souffrance. S’ils s’autorisaient à les exprimer, leurs pleurs auraient la même force que leurs cris. Si vous êtes énervé plus que vous n’aimeriez l’être, vous avez besoin de laisser vos larmes couler. Pour les femmes, c’est l’inverse. On enseigne généralement aux petites filles à réprimer leur colère et leur hostilité. Ce n’est pas gentil de s’emporter ou de crier – leur papa n’aimerait pas ; tout comme les autres hommes n’aimeront pas ça d’ailleurs… Par contre, on les autorise à afficher leur vulnérabilité ! Elles peuvent pleurer à loisir et sont même conditionnées pour être peureuses. À l’âge adulte, quand un événement fâcheux survient, une femme aura tendance à pleurer et à avoir peur, pas forcément à verbaliser sa colère. Pleurer et critiquer les autres sont ses manières à elle d’occulter sa rage. Et comme cette dernière n’est pas autorisée à s’exprimer, cette femme restera habitée par la tristesse. Il se peut même qu’elle devienne hystérique. Il y a une multitude de femmes qui se sentent prisonnières de leur souffrance et de leur tendance à se plaindre. À partir du moment où elles osent la verbaliser, elles commencent à se sentir mieux, à se sentir vivantes, plus aimantes et moins critiques à l’égard des autres.
Benjamin Leplat
Documentation : John Gray, Harold H. Bloomfield médecin psychiatre.
Une réponse
Merci pour ce texte qui j’espère permettra à beaucoup d’entre nous d’avancer sur le chemin d’être plus encore dans réelle communication épanouissante .