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Peut-on être célibataire et heureux ?

Célibataires Exigeants sur Lille Métropole (Groupe Privé )

Peut-on être célibataire et heureux ?

Célibataire NewLife

Ils sont de plus en plus nombreux à être seuls. Certains, par choix. D’autres pas. Aujourd’hui, les célibataires démontrent qu’il est possible d’exister et de s’épanouir en dehors du sacro-saint Couple. Mais ils doivent lutter contre une pression sociale et familiale à vivre à deux qui demeure très forte. Sans compter celle qu’ils se mettent parfois à eux-mêmes.

« Mon existence en solo, je la vis pleinement. J’ai envie de refaire ma vie, mais pas à n’importe quel prix », explique Marie, 35 ans, mère-célibataire divorcée depuis deux ans. « Je profite des variantes de l’amour : la tendresse que je trouve auprès de ma famille et de ma fille, la complicité que je partage avec mes amis… » À l’heure où le mariage n’est plus un passage obligé, où la vie de couple se pense davantage en CDD qu’en CDI et où la société se fait de plus en individualiste, nous sommes tous amenés à connaître des périodes de célibat. Fini le temps où les Catherinettes étaient raillées et les vieux garçons tournés en ridicule. Aujourd’hui, les célibataires s’assument et certains n’hésitent pas à vanter les mérites de la vie en solo. Sans en faire pour autant un projet de vie.

Des célibataires épanouis

Parmi les solos, ils sont nombreux à prouver qu’il est possible d’exister et de s’épanouir en dehors de la vie de couple, qui est souvent loin d’être un long fleuve tranquille. Lui préférant, un temps au moins, le célibat. Pour Amélie, 41 ans, vivre seule est un choix. « Je ne me marierai pas, j’ai vu trop de désastres autour de moi. En revanche, je ne dis pas que je ne craque pas de temps en temps. Avoir un compagnon de route est appréciable, mais pas à temps plein. » D’autant que les femmes, qui ont acquis leur indépendance financière, ont maintenant ce choix.

Exit l’image du célibataire malheureux et laissé pour compte. Place à celle d’un célibat qui peut être source d’épanouissement. La clé ? « Se fréquenter soi-même, être davantage à son écoute, répond Domi Contarbo-Jacques, psychothérapeute. S’interroger sur ce qui me ferait plaisir, sur les personnes que je pourrais rencontrer… » Et aussi, trouver d’autres domaines de réalisation de soi que le couple : professionnel, artistique, associatif, sportif… Mais les célibataires ont beau prouver qu’exister autrement qu’à deux est possible et jouir d’une image plus positive qu’avant, ils continuent de déranger.

Le couple reste la norme

Isabelle a 37 ans. Elle est aujourd’hui seule et sans enfant. « Lors des réunions familiales, je génère de l’indifférence ou de la gêne. Au travail, j’essuie toutes sortes de remarques. Auparavant, cela me faisait bondir. Maintenant, j’essaye de me détacher de ce miroir qu’ils projettent sur moi et qui n’est en rien mon reflet. » Aujourd’hui encore, on continue d’attendre du célibataire qu’il trouve un jour sa moitié. Si possible avant d’avoir atteint la trentaine, décennie fatidique pour tous ceux qui ne sont pas encore « casés ». Quant aux quadras et quinquagénaires séparés, il leur revient de tourner rapidement la page et de retrouver quelqu’un sans tarder. « La pression est en fait beaucoup plus insidieuse, explique Florence Maillochon, sociologue et chargée de recherche à l’Ined. Nous sommes élevés dans une idéologie très libre, régie par le culte de l’individualisme. Il n’y a plus d’obligation à former une famille traditionnelle. Mais l’incitation à être en couple demeure très lourde. »

Médias, publicités, sites de rencontre… Partout, c’est l’apologie du couple, qui, dans notre société soi-disant décomplexée, reste la règle. C’est un signe de socialisation et, il faut l’avouer, une façon de se rendre l’existence plus confortable : pour affronter la vie et ses épreuves, pour acheter une maison, partir en voyage, ou tout simplement, aller à l’hôtel, mieux vaut être deux. Dans un monde où tout est conçu pour les couples, « il est difficile d’être seul, ajoute Jean-Pascal Hirtz, psychanalyste. Beaucoup de gens sont convaincus, et je crois, à juste titre, que la grande aventure d’une vie est une histoire d’amour. C’est ce qui est le plus exaltant. »

Célibataire et heureux ?

En couple, se dit-on, il y a cette joie de pouvoir échanger, partager ensemble. « Le jour où je me suis mariée, je me suis sentie soulagée, raconte Monique, notre psy. Je ne m’imaginais pas pouvoir être heureuse autrement. » La vie à deux, une condition au bonheur ? Pour Jean-Pascal Hirtz, « cette aspiration au couple vient de l’enfance. Si ses parents ne s’entendaient pas, on rêve d’avoir une compensation à l’âge adulte. Sinon, on cherche à revivre quelque chose de bon. » Même si nous passons par des périodes de célibat, notre idéal serait donc de trouver quelqu’un avec qui avancer, se construire…

« Mais le diktat du couple n’existe plus, analyse Domi Contarbo-Jacques. Le couple est l’une des facettes de la construction de l’identité. Aujourd’hui, chaque individu est autorisé à devenir lui-même, sans pour autant être en adaptation avec quelqu’un d’autre. Pendant longtemps, les femmes se sont définies par rapport à leur mari. Aujourd’hui, c’est terminé. Chez de plus en plus de personnes, on retrouve une exigence fondamentale : devenir soi, définir ses goûts, faire des choix… Soi-même. Et non en fonction d’un autre ». Et si bien vivre son célibat, cette occasion privilégiée de se réaliser en se retrouvant en tête à tête avec soi-même, était le meilleur moyen de retrouver, par la suite, plus facilement l’amour ?

Le célibat, une période transitoire ?
Novembre 2009. « Nouveau départ », le Salon du divorce, de la séparation et du veuvage se tient pour la première fois à Paris. Objectif : permettre aux futurs et actuels divorcés de réussir leur séparation. Et surtout, de refaire leur vie. Clubs de rencontres, coaching en tout genre -relooking, déco-, agence proposant des voyages en solo… Après la séparation, un nouveau mariage ? Tout semble inviter ces célibataires à ne surtout pas le rester trop longtemps.

Témoignage : « Je me suis découverte d’assez bonne compagnie »

Alexia, 36 ans, s’est mariée à 28 ans. Il y a trois ans, elle se sépare du père de ses enfants. Ils ont divorcé depuis un an.

« Au début, j’étais complètement perdue. Je n’avais jamais vécu seule. L’idée d’aller me coucher et de vieillir sans personne à mes côtés m’angoissait. Les premiers à avoir fait pression sur moi, ce sont mes enfants, mon fils de cinq ans en particulier. Le fait que je sois seule le tracassait. Il voulait absolument que j’aie un amoureux, quelqu’un qui m’aime. Cela m’a beaucoup touchée et, bizarrement aussi, beaucoup déculpabilisée. Je m’inquiétais pour eux, ils s’inquiétaient pour moi. Nous en avons beaucoup discuté ensemble. Aujourd’hui, ils n’y trouvent pas la même urgence. Je suis très bien toute seule et ils l’ont compris.

Maintenant, c’est mon entourage qui s’alarme. C’est vrai que les premiers mois, la première année, on pouvait bien me l’accorder, mais trois ans, cela commence à faire long. Régulièrement, on me demande si j’ai rencontré quelqu’un, on cherche à me présenter un homme. Je dis « non merci », je ris, je dis que je n’ai pas le temps.

Avant, j’avais « le fantasme de la famille Ricorée ». C’est terminé. Il me faut trouver un nouveau modèle. Mais je ne suis pas tentée par celui de la famille recomposée. Je me suis habituée à la garde alternée : une semaine avec les enfants, tous les trois ; puis une semaine toute seule, en célibataire. Parfois, je sors, parfois, je goûte simplement ce plaisir inédit du silence, de la solitude. L’idée de partager mon lit ne m’inquiète pas. Celle de laisser quelqu’un entrer dans mon quotidien ne me plaît guère, je dois le reconnaître. C’est ce qui choque les gens, je pense. Ils ne me croient pas.

Pour moi, ce célibat n’est évidemment pas un projet de vie. Mais c’est un fait auquel je me suis habituée, auquel j’ai pris goût. Je ne voudrais pas que l’on envahisse cet espace de pure liberté. Parfois, je suis un peu troublée de constater à quel point je vis bien cette solitude. Je me demande même si je n’ai pas perdu la capacité d’aimer. Mais je ne crois pas. Je ne me suis pas renfermée. J’ai une vie bien remplie, dans laquelle je me réserve aussi des temps d’inactivité. Au fond, il est là le grand gain. C’est à cela que je ne suis pas prête à renoncer. Vivre avec quelqu’un – en tout cas pour quelqu’un comme moi -, c’est vivre sans cesse avec l’idée de l’autre, de ses envies… Je me demandais toujours ce qui allait lui plaire. Aujourd’hui, j’ai découvert mes propres goûts, mes limites. Je me sens très libre, très forte. Finalement, je me suis découverte d’assez bonne compagnie. »

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