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Infidélité : est-ce que c’est toujours la faute de l’autre ?

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Infidélité : est-ce que c’est toujours la faute de l’autre ?

infidélité

Pourquoi va-t-on voir ailleurs ? La chroniqueuse de « La Matinale », Maïa Mazaurette, a épluché plusieurs études, dont les résultats semblent pour le moins contradictoires.

La France, pays des clochers… et des cocus. Nous sommes, culturellement, le peuple qui tolère le mieux les infidélités : celles-ci ne sont pas considérées comme contraires à la morale (lire la chronique « Après le coq français, le cocu français »), et 53 % d’entre nous les trouvent acceptables. Mais de quelle infidélité parle-t-on ? Celle des hommes, celle des femmes ? Et pour quels motifs ?

Une étude de l’IFOP pour le site de rencontres extraconjugales Gleeden (parue en mai) permet de creuser la question – d’autant que, au vu de l’ampleur du phénomène, nous ne nous situons pas précisément dans le domaine de l’anecdotique. Selon les derniers chiffres, 37 % des femmes françaises ont déjà été infidèles (et 45 % des hommes). 14 % de ces femmes ont trompé leur partenaire actuel. 2 % le trompent actuellement (là, maintenant, en lisant cette chronique).

Si l’étude s’est penchée spécifiquement sur les motivations de ces femmes, c’est que leur nombre a quasiment quadruplé en cinquante ans. En l’occurrence, ces dernières mentionnent en premier lieu l’attirance physique (déterminante pour 52 % des femmes concernées), puis le manque d’attention et d’affection au quotidien (cité par 47 % des répondantes), la simple occasion (37 %), le manque de satisfaction sexuelle (36 %), ou l’envie de retrouver la magie des premiers moments (35 %). Le besoin de plaire ou les sentiments sont moins fréquemment cités – quant à la vengeance, elle reste rare.

Femme délaissée, femme hédoniste

A travers ces motivations se dessinent deux grands profils : la femme délaissée, la femme hédoniste. La première a surinvesti son couple – d’où son besoin de se consoler. La seconde a désinvesti son couple – elle s’en fiche. La première est une victime qui suscite pitié et sympathie (sans qu’on se demande pourquoi son partenaire la délaisse), la seconde est coupable et mérite un jugement plus sévère (sans qu’on questionne son droit à prendre du plaisir où elle veut, quand elle veut).

Il y aurait, en somme, de bonnes ou de mauvaises infidélités – comme il y a au cinéma des gentils et des méchants. L’attention que nous portons aux motivations des infidèles (qu’on qualifie parfois d’« excuses ») met en lumière une certaine exigence éthique : en France, les sorties de route sont acceptables… à condition d’avoir de bonnes raisons. A condition que le plaisir compense une douleur, que le dérapage constitue, en fait, un rattrapage. (Pardon, quelqu’un aurait-il mentionné une « révolution » sexuelle ? Ai-je mal entendu ?)

Si l’on s’en réfère aux motivations des infidèles, le nombre des « victimes » est légèrement supérieur à celui des « coupables ». François Kraus, directeur du pôle Genre et Sexualité de l’IFOP, note par exemple une « proportion élevée de femmes infidèles parmi les femmes insatisfaites de leur vie sentimentale (21 %, contre 11 % chez celles qui en sont très satisfaites) et de leur vie sexuelle (22 %, contre 11 % chez celles qui en sont très satisfaites), sachant que leur proportion est deux fois moins forte chez les femmes jugeant leur partenaire très attentif à leur plaisir (13 %) que chez celles qui trouvent qu’il n’est pas attentif (20 %). A l’inverse, l’infidélité explose chez celles ayant soit peu d’affection pour leur conjoint (24 %), soit pas de désir (25 %) ».

Cette insatisfaction peut porter sur d’autres aspects de la vie domestique. Toujours selon François Kraus, « les Françaises trompent d’autant plus leur conjoint quand ce dernier ne participe pas aux tâches ménagères : à l’heure de la prise en compte croissante de la charge mentale au sein des couples, la proportion d’infidèles est trois fois plus élevée chez les Françaises en faisant beaucoup plus que leurs partenaires (17 %) que chez celles en faisant moins que leur conjoint (6 %) ».

Liées à des frustrations, ou étape de réappropriation de soi ?

Chez les hommes, nous retrouvons certains des mêmes facteurs : en 2016, une autre enquête de l’IFOP montrait que, parmi les hommes infidèles, 44 % étaient insatisfaits sentimentalement, et 35 % insatisfaits sexuellement. Les hommes les plus épanouis ne sont que 17 % à se tourner vers des relations extraconjugales.

Les infidélités, présentées comme de délicieux moments « volés » à la routine, seraient-elles donc essentiellement fondées sur la déception ? Posons donc une question qui remue le couteau dans le drapeau national : la tolérance des Français envers les rapports extraconjugaux trahirait-elle une vision pessimiste du couple ?

Pas nécessairement. Une thérapeute experte comme Esther Perel compare la monogamie à de la « reproduction en captivité » (c’était d’ailleurs le titre de son premier essai). Dans une conférence TEDvisionnée plus de 13 millions de fois, elle apporte un éclairage bien différent à nos questionnements – sans victimes ni coupables :« Quand nous cherchons à attirer l’attention d’une autre personne, ce n’est pas toujours parce que nous cherchons à nous éloigner de notre partenaire. Nous cherchons à nous éloigner de la personne que nous sommes devenue. Nous cherchons moins à trouver quelqu’un qu’à trouver une autre version de nous-mêmes. » Dans une telle optique, l’infidélité constitue plutôt une étape de réappropriation de soi, sans rapport avec des frustrations liées au conjoint officiel.

Aux Etats-Unis, une récente étude a d’ailleurs abouti à des résultats étonnants, démontrant que les couples les plus épanouis sexuellement… sont aussi les plus susceptibles d’aller voir ailleurs (Journal of Personality and Social Psychology). La frustration sort alors complètement du tableau des motivations : l’infidélité consisterait à rajouter du plaisir dans une existence déjà plaisante.

Autant de raisons que de personnes infidèles

Alors, comment s’y retrouver dans toutes ces explications apparemment contradictoires ? Selon Jean-Philippe Dubrulle, chef de groupe au pôle Opinion de l’IFOP : « Les couples sexuellement satisfaits seraient plus en possession de leurs moyens ou de leurcapital sexuel, et plus insérés socialement. » Plus d’occasions, plus de larrons…

Mais surtout, pour lui, la dichotomie désir/dépit doit plutôt se comprendre comme une dynamique: « On peut franchir le Rubicon pour trouver de plus vertes contrées… aussi bien que la quête effrénée de partenaires sexuels différents puisse traduire une insatisfaction durable. Selon le biais moral choisi, c’est une quête ou une fuite en avant. »

Alors, désir ou dépit ? L’œuf ou la poule ? Mayonnaise ou ketchup ? En 2007, un groupe de chercheurs américains publiait dans les Archives of Sexual Behavior un article intitulé : « Pourquoi les humains font l’amour ». En posant la question à leurs cobayes, ils avaient recensé pas moins de 237 raisons différentes.

Si ces mêmes chercheurs s’étaient penchés sur l’infidélité, ils auraient sans doute trouvé des chiffres équivalents : il existe autant de raisons à l’infidélité que de personnes infidèles – soit, à la louche, en France, 21 millions de motivations simples ou entremêlées, conscientes ou inconscientes, égoïstes ou altruistes. Qui elles-mêmes entraînent d’autres complexités : 21 millions de cocus, gentils et/ou méchants, inconsolables et/ou soulagés, ignorants et/ou complaisants.

Sur le continuum allant de la souffrance à la jouissance, de l’excusable à l’irresponsable :nous ne savons pas toujours quelle est « la » raison. Mais nous avons « nos » raisons.

Source : Le monde

 

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